Armand Colin – Collection Institut Fredrik R.Bull-Raymond Moch-septembre 1997
Il n’est pas, à présent, d’activité humaine dont l’exercice ne soit affecté par l’irruption des techniques, qu’il s’agisse du commerce ou de l’industrie, de la sécurité publique ou de l’art militaire, de la santé, de la justice, de l’enseignement, de l’information, des arts, de la vie quotidienne, en somme, de tous et de chacun.
Quels sont donc les effets de cette invasion ? En quoi modifie-t-elle la pratique des métiers, le rapport des professionnels à leurs clients, à leurs collègues, aux autorités de tutelle ? Des codes de bonne conduite sont-ils en voie d’apparition ou de mutation ?
Dans ce devenir, le droit n’est pas seul en cause. L’exacte vocation de l’Institut Fredrik R. Bull le conduisait à explorer les changements que les outils du progrès technique induisent dans la représentation que les acteurs sociaux se font de leurs fonctions, de leurs pouvoirs, de leurs devoirs. Ainsi naquit le projet de rechercher si une morale nouvelle de l’action prend forme lorsque le potentiel des individus et des groupes s’accroît sans mesure grâce aux instruments que la science et la technique mettent entre leurs mains.
On verra ainsi comment sont remises en question des notions aussi anciennes que le secret professionnel (des médecins, du juge, du journaliste, de l’avocat, du chercheur) ou le secret des affaires. Mais, plus généralement, on observera l’évolution, sous l’impact des techniques nouvelles ( et notamment de l’informatique), de la médecine, des coopérations scientifiques internationales, ou même des activités « discrètes » des services spéciaux. De même, les responsabilités nouvelles des industriels à l’égard de notre environnement, celles des informaticiens ou des ingénieurs vis-à-vis d’eux-mêmes et de ceux qui leur font confiance, sont évoquées, comme celles de l’enseignement ou des médias.
Ce vaste tour d’horizon, encore assez inédit, débouche, bien entendu, sur une réhabilitation de la responsabilité morale de l’individu.